Professor Bad Trip

Fausto Romitelli (1963-2004)
Professor Bad Trip, lesson I, II & III
Dans les écrits et dans les dessins de Michaux, j’ai trouvé des corrélations entre les « perspectives dépravées » de la mescaline et les territoires sonores qui m’ont toujours fasciné : la mécanique d’apparition, de transformation, de disparition des visions et des couleurs est très proche des formes de mon imaginaire auditif.
Il m’a paru nécessaire, par conséquent, de travailler sur les aspects musicaux reliés de la manière la plus directe à la perception des phénomènes décrits par Michaux.
Ce qui prévaut dans Professor Bad Trip, c’est l’aspect hypnotique et rituel, le goût de la difformité et de l’artificiel : des répétitions obsessionnelles, des accélérations continues et insistantes de matériaux et de temps soumis à des torsions et des distorsions jusqu’à la saturation, au bruit blanc, à la catastrophe, une constante dérive vers le chaos, des objets nommés et déjà liquéfiés ; une vitesse et une densité insoutenables ; des parcours avortés ou bien interrompus, ou bien brutalement prévisibles, comme la trajectoire d’un missile ; des parcours qui ne vont nulle part, de fausses trajectoires, un faux mouvement ; des couleurs non naturelles, des temps non physiologiques ; parfois un silence soudain, paradoxal, traversé par des images énigmatiques et, au loin, un calme halluciné, des paysages sonores peut-être tranquilles mais sinistres, menaçants. Le calcul est bien là et il est rigoureux, mais siteurs il vise à organiser les excès d’une écriture hypertrophique qui se défoule dans des éclatements hystériques, des situations déséquilibrées, exagérément prévisibles, voire imprévisibles. Voilà les enseignements discutables du professeur Bad Trip qui, évidemment, aime le rock psychédélique et progressif, et les avant-gardes de l’univers techno.
Première interprétation par Le Balcon le 24 février 2012 à l'Église Saint-Merry.
Captation réalisée le 9 novembre 2020 dans le cadre du Festival Singer-Polignac.
Direction musicale Maxime Pascal
Régie informatique musicale Augustin Muller ou Étienne Démoulin
Flûte Julie Brunet-Jailly
Clarinette Ghislain Roffat
Trompette Florent Cardon
Percussions Adélaïde Ferrière
Clavier Trami Nguyen
Guitare électrique Giani Caserotto
Basse électrique Olivier Lété
Piano Alain Muller ou Haga Ratovo
Violon Eun Joo Lee
Alto Laurent Camatte
Violoncelle Askar Ishangaliyev