Le grand gala des dix ans du Balcon est une soirée d’amour.
On écrit ces mots en souriant et pourtant, tout cela est très sérieux.
Le 17 novembre dernier, Le Balcon a fêté ses dix ans d’existence. En 2008, les six fondateurs de ce qui n’était encore qu’un ensemble (Maxime Pascal, Florent Derex, Alphonse Cemin, Juan-Pablo Carreño, Pedro Garcia-Velasquez et Mathieu Costecalde) donnaient, avec un orchestre d’étudiants du conservatoire un premier concert en commun.
Depuis, ce fut des concerts hors-cadre, des opéras, des idées de plus en plus fortes et précises ; Le Balcon s’est agrandi, a affiné ses références, et a mené avec le Théâtre de l’Athénée des projets grandioses, menés avec une grande complicité artistique, technique et humaine.
C’est Maxime Pascal qui eut l’idée d’organiser un grand gala, pour clôturer le festival par une soirée de fête. Derrière l’éclat que peut projeter ce nom, il y a la volonté de rassembler ; les artistes, les vidéastes, les techniciens, les compositeurs, bref, tout ce qui concourt à l’expression si particulière du Balcon depuis des années, dans une même soirée, sur une même œuvre : In C de Terry Riley.
Si vous n’avez jamais entendu In C en vrai, c’est la chance de votre vie. Cette œuvre pionnière du minimalisme américain tient sur une seule page, et dure le temps que l’on veut bien lui accorder. Cette page est constituée de cinquante-trois minuscules cellules de musique, que chaque musicien joue le nombre de fois qu’il le souhaite avant de passer à la suivante. Au bout de quelques minutes, par l’effet des décalages rythmiques et harmoniques, et des couleurs apparues à Terry Riley en vision, les musiciens et le public sont pris dans une transe sublime, dont on voudrait qu’elle ne cesse jamais.
Pour jouer In C, Le Balcon a envoyé une invitation à tous, absolument tous les musiciens ayant un jour, participé à un concert de l’ensemble. Nous verrons bien lesquels se pointeront à l’Athénée le jour J.
Le grand gala sera ouvert par un orchestre d’enfants venus du Conservatoire du XVIIIe : ils joueront une pièce pour orchestre de Gérard Grisey, les Manifestations, ainsi que des improvisations guidées par le compositeur Frédéric Blondy. Au départ, nous espérions que chaque enfant ait exactement dix ans ; mais cela nous est apparu comme bien cruel de laisser sur le carreau les autres enfants.
La musique de Grisey a ceci de magique qu’elle surprend toujours l’auditeur, qui trouve parfois les premières minutes un peu déconcertantes, et qui, sans s’en rendre compte, voit ensuite son esprit se décrocher, vagabonder,pour atteindre les cimes du plaisir musical. C’est un compositeur qui nous est très cher. Et c’est une soirée qui a vocation à rester dans nos mémoires communes.