Œuvre

Jakob Lenz

opéra de chambre

Opéra de chambre de Wolfgang Rihm (né en 1952)
d’après Lenz de Georg Büchner
Livret de Michael Fröhling
Opéra créé en 1979 à Hambourg
Création de cette production 2016, Festival Dialogues, Salzbourg
Reprise 2019, Festival Le Balcon, Athénée Théâtre Louis-Jouvet, Paris

Les plus belles images, les sons les plus amples
et les plus majestueux se groupent, se dissolvent.
Il ne reste qu’une chose :
une beauté infinie qui passe d’une forme dans l’autre. 

Georg Büchner, Lenz

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Jakob Lenz est soutenu par l’Adami.

Pour la première édition de son festival, Le Balcon est soutenu par le programme Cerni du Ministère de la Culture, la Caisse des Dépots, la Fondation Fiminco, la Fondation Singer-Polignac, la Sacem, Areitec, Sonic Emotion & La Muse en Circuit. 

Jakob Lenz raconte l’histoire d’une jeunesse frappée par la malédiction du génie.

L’homme a existé, il était l’un des dramaturges les plus brillants du XVIIIe siècle, et d’aucuns disaient que son intelligence était plus prodigieuse encore que celle de Goethe, dont il fut le fraternel ami avant que celui-ci ne rompe avec lui et le vilipende. Lenz avait le visage angélique d’un enfant et était atteint d’un mal bien obscur, qu’on ne nommait pas encore schizophrénie.
La trame de notre histoire relate un épisode tardif de la vie de Lenz : au début de l’hiver 1778, le héros marche dans les montagnes, à la recherche d’un village au cœur des Vosges où, peut-être, il trouvera le salut. Dans ce village, il est protégé et soigné par le pasteur Oberlin, et martyrisé par le visiteur Kaufmann, ainsi que par ses pensées incohérentes et ses émotions instables et cruelles.
Jakob Lenz, c’est de fait une transmission entre trois jeunes génies de la tradition allemande. Georg Büchner, dans le temps de sa très brève existence, a vite compris l’importance de ce personnage historique et de sa souffrance si aiguë, si singulière. Il a tiré de cette histoire et de ses rares sources un texte d’une élévation, d’une concision et d’une poésie violente et douce. Ce texte est aujourd’hui l’un des plus importants de la littérature allemande. Il fut repris par l’écrivain Michael Fröhling, qui le transforma en livret cousu de dialogues flottants, glacials, éthérés.
Wolfgang Rihm est le dernier jeune homme de cette tradition qui traverse les siècles. À l’époque de la composition, il a précisément l’âge du héros. Il est d’une certaine manière naturel que cette pièce ait été assemblée par des artiste vingtenaires : c’est une période de la vie où les symptômes schizophréniques éclatent fréquemment, après des signes avant-coureurs à l’adolescence.
Une des particularités de la musique de Rihm est de retranscrire à merveille la diversité des voix intérieures qui tourmentent Jakob Lenz. Comment exprimer la folie sur une partition ? Par ce chœur de six voix, auquel répondent parfois quelques enfants aux paroles déchirantes. Par ces harmonies vocales complexes, par ces trois violoncelles déchaînés, complétés par vents, percussions et clavecin. Wolfgang Rihm est peut-être le compositeur de l’interdisciplinarité en art : peu de compositeurs savent saisir comme lui l’essence d’un texte ou d’un tableau. De la même manière que l’âme de Lenz est piquée par les voix de sa conscience, l’écriture du jeune Rihm est traversée d’une multitude d’inspirations musicales et artistiques.

Le Jakob Lenz du Balcon est enfin une rencontre entre un personnage et un interprète, Vincent Vantyghem, chanteur et…docteur spécialisé en psychiatrie. Qui de plus indiqué, pour incarner la folie, qu’un homme qui l’observe et la soigne ? Ce rôle, en plus de lui demander une préparation technique intense, est certainement pour lui l’occasion d’une réflexion et d’une expérience physique et philosophique de la folie. La mise en scène vidéo de NIETO permet, elle, une transformation totale de l’espace de la salle de concert, la faisant ainsi tenir tout entière dans le crâne de Lenz et donc de son interprète.
Du cas Jakob Lenz, il ne reste en définitive qu’une chose, résumée par Büchner dans le texte initial : « une beauté infinie qui passe d’une forme dans l’autre ».

Direction musicale Maxime Pascal
Mise en scène & vidéo Nieto
Projection sonore Florent Derex
Scénographie Myrtille Debièvre

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Jakob Lenz Vincent Vantyghem (Baryton)
Kaufmann Michael Smallwood (Ténor)
Oberlin Damien Pass (Baryton/basse)

Chœur
Parveen Savart (soprano)
Léa Trommenschlager (soprano)
Elise Dabrowski (mezzo-soprano)
Emmanuelle Monier (mezzo-soprano)
Florent Baffi (basse)
Andriy Gnatiuk (basse)

Trois enfants (les esprits) Bérénice Arru, Gaspard Cornu, Georges Geyer.

Orchestra
Hautbois Guillaume Gerbaud 
Hautbois, cor anglais Paul Atlan
Clarinette, basse clarinette Ghislain Roffat
Basson, contrebasson Julien Abbes
Trompette Henri Deléger
Trombone Jean-Charles Dupuis
Clavecin Alain Muller
Percussions Benoît Maurin
Violoncelles Askar IshangaliyevElisa HuteauMyrtille Hetzel