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Le Balcon

Peter Eötvös

Opéra en dix tableaux de Péter Eötvös (né en 1944)
d’après Le Balcon de Jean Genet (éditions Gallimard, 1969©)
Livret de Françoise Morvan en collaboration avec Péter Eötvös et André Marcowicz
Opéra créé en 2002 au Festival d’Aix-en-Provence
Création de notre version 2014, Athénée Théâtre Louis-Jouvet

Je vous ai dépeint la situation.
Le peuple, dans sa fureur et dans sa joie,
est au bord de l’extase : à nous de l’y précipiter.

Jean Genet, Le Balcon (L’Envoyé)

Dans le bordel de Madame Irma, temple de l’érotisme et de l’imaginaire, les nombreux salons, costumes, accessoires et les pensionnaires dévouées permettent aux amateurs d’assouvir leurs fantasmes en devenant à volonté général, évêque ou juge, alors même que dehors, dans la ville, la révolution fait rage. Le chef de la police, aux ordres de la Reine et du Palais, doit faire face. D’où cette suggestion de l’Envoyé de la Cour : si Irma elle-même, belle et imposante, se présentait pour haranguer la foule, la Révolution ferait-elle long feu ?

Fondé en 2008, Le Balcon tire son nom de la pièce de Jean Genet. 

Production créée à l’Athénée Théâtre Louis-Jouvet le 20 mai 2014 Production Le Balcon
Coproduction Opéra de Lille, Athénée Théâtre Louis-Jouvet
Avec le soutien de la Fondation Orange, du Fonds de Création Lyrique / SACD, d’Areitec.

par Damien Bigourdan, metteur en scène

Le Balcon, cette maison d’illusions d’une Madame Irma mère maquerelle diseuse de bonne aventure ou prêtresse travestie, ce bordel, ce claque où le postier, le cadre supérieur, le flic, le citoyen lambda, comme on le nomme souvent, viennent littéralement incarner, le temps d’une passe théâtralisée, le temps d’un jeu érotique burlesque, les figures du pouvoir, de l’autorité, ou de la religion ; ce Balcon pose à la société dans son ensemble, par la verve et le verbe acérés – mais délicieux – de Jean Genet, la question pure du simulacre, de son utilité, de son absolue nécessité peut-être, de ses absolus bienfaits, et de son lien évident avec l’Eros. Bousculant toute moralité, Jean Genet se risque à des questions essentielles rarement posées. Jouir n’est-il pas incarner ? Incarner n’est-il pas jouir ? Plus simple encore : jouir n’est-il pas jouer ? Jouer n’est-il pas jouir ? L’Image de la fonction ne porte-telle pas, en elle seule, la fonction ? Le Juge, le Général ou l’Évêque n’existent-ils pas surtout par la robe, le sabre, et la mitre ? – mais rutilants bien sûr ! – N’attendons-nous pas avant tout de la société que sa représentation soit réussie ? D’où naît la révolte contre les puissants ? Des mensonges qu’ils scandent, ou de leur incapacité à scander convenablement ces mensonges, de l’étroitesse de leur prestance ?

Ces questions fondamentales de Jean Genet face au public n’attendent pas de réponses arrêtées, définitives – y en aurait-il vraiment ? – mais donnent, le temps d’une œuvre, la possibilité d’y réfléchir (donc de s’y voir, de s’y mirer), et de reprendre, de retrouver le théâtre comme ce dernier lieu commun d’évasion, de fantasme pur, d’émotion épidermique et brute, de l’imaginaire en partage, du spectre des possibles. De se réapproprier le théâtre comme ce bien commun soignant nos plaies, manipulant nos imperfections comme un masseur nous dénoue, frôlant nos souffrances, nous convainquant de notre beauté, faisant encore de nous des héros ou des dieux… Les artistes de scène nous portent sur les tréteaux de l’Inquiétude, s’enrobant de nos anecdotes. Madame Irma monnaye l’oubli dans ses Salons…

Voilà les explications de ce choix, comme d’un manifeste fondateur, que l’ensemble Le Balcon détient en son baptême – osons le mot ! – son désir premier, l’essence de son existence, l’originelle sentence de sa charte artistique : chacun de ses concerts doit détenir un conte, feuilleter un livre d’images et de sons, animer une peinture d’harmonies, raconter une histoire.

Direction musicale Maxime Pascal
Projection sonore Florent Derex
Mise en scène Damien Bigourdan
Assistante à la mise en scène Agathe Cemin
Scénographie Mathieu Crescence
Lumières Jérémie Gaston-Raoul
Costumes Pascale Lavandier
Réalisation Informatique Musicale Augustin Muller
Chef de chant Alphonse Cemin

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Mme Irma, la Reine Rodrigo Ferreira
Carmen Shigeko Hata
la Femme, la Voleuse, la Fille Élise Chauvin
Chantal Laura Holm
le Chef de la police Jean-Claude Sarragosse
Roger Guillaume Andrieux (Athénée) | Damien Bigourdan (Opéra de Lille)
l’Êvèque Florent Baffi
le Juge Patrick Kabongo (Athénée)Manuel Nuñez-Camelino (Opéra de Lille)
le Général Vincent Vantyghem
l’Envoyé de la Cour Benjamin Locher
Arthur, le Bourreau Virgile Ancely (Athénée) | Pierre Bessière (Opéra de Lille)
l’Esclave, danseuse Emmanuelle Grach

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Les photographes, les révoltés, la meute du Balcon :
Christophe de Coster
Camille Della Torre
Émilie Haus
David Kahn
Charlotte Lupinski
Guillaume Pevée
Clémence Pointelin
Charles Ségard-Noircière
Samuel Yagoubi
Inès Huchet
Charlotte Deniel
Christophe de Coster

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Le Balcon
Direction musicale Maxime Pascal
Flûtes Claire Luquiens
Hautbois, cor anglais Guillaume Herbaud (Athénée) / Louis Seguin (Opéra de Lille)
Clarinettes Iris Zerdoud
Clarinette basse et contrebasse Ghislain Roffat
Basson Julien Abbes
Saxophones Juliette Herbet
Cor Joël Lasry
Trompettes Henri Deléger, Matthias Champon (Athénée), André Feydy (Opéra de Lille)
Trombone Mathieu Adam
Tuba Maxime Morel
Percussions François-Xavier Plancqueel, Benoit Maurin, Pierre Michel
Harpe Clara Izambert
Clavier Alphonse Cemin
Orgue Hammond Sarah Kim
Violon, strohviol You-Jung Han
Alto Aurélie Deschamps (Athénée) | Andrei Malakhov (Opéra de Lille)
Violoncelle Askar Ishangaliyev
Contrebasse Simon Guidicelli



Opéra de Lille, 2015